Plateforme collaborative
La collaboration, la plate-forme digitale, tels sont les mots clés de grands ou petits événements BIM et BTP depuis plusieurs années. Dans l’ère post-cloud, tout est “plateformisable”: BIM360 design/doc/field, BIMx, Trimble connect, Revizto, Croqis, Synchro, BIMtrack, BIMsync, BIM Collabs, Drofus, Codebook, Assemble, Resolving, FinalCAD... Chaque plateforme vise à un ou plusieurs usages BIM spécifiques(GED, gestion de problèmes, planification 4D, BIM 5D, Mobilité chantier), il n’y a presque pas de solution qui s'adresse à l’ensemble de la chaîne de valeur.
Ce statu-quo est fortement lié à la configuration de notre industrie qui reste fragmentée dans l’organisation et dans la pratique. Si les entreprises tels que Katerra pensent à maîtriser l’ensemble de la chaîne, il doit bâtir sa solution en réorganisant ses équipes et aussi en intégrant les briques de différents éditeurs de logiciel. Les petits acteurs doivent se plier à la demande de client pour utiliser les différentes plateformes sur différents projets. Je vois par là un jour le déploiement d’une plate-forme de gestion de mots de passe. Aujourd’hui, nous avons presque tous un mot de passe plus ou moins unique et on devons faire la preuve de créativité pour jouer avec les règles de chaque plate-forme. Dans le pire des cas, réinitialisation de MDP via le joli bouton de la page d’accueil. Cette pratique déplaît bien sûr aux garants de sécurité informatique, du coup, au bout de x “login” ou x mois, c’est reparti pour l’invention d’une nouvelle recette, et si par miracle que ça ne ressemble pas à un mot de passe déjà utilisé.... et Hallelujah, Enfin, IHM de notre environnement de travail.
Heureusement, des solutions existent. Les informaticiens sont plus intelligents que des communs de mortels. Depuis le déploiement de Single Sign On(SSO), nous pouvons enfin se libérer de cette gymnastique de MDP anti production. Si le sort de MDP est la partie émergente d’iceberg, il y a aussi un autre fléau informatique qui fait gratter la tête des dirigeants des SI de grande groupe: Celui d’interopérabilité. Après avoir connecté dans différents systèmes, nous devons muscler nos doigter pour faire des copier-collé, car si je dois mettre un document depuis système A dans le système B, je dois télécharger sur mon poste de travail et puis recharger dans un autre système. C’est en effet une forme de travail presque inhumain et anticonstitutionnel. Sur une chaîne de production classique, on répète dès gestes pour la fabrication des boites de sardine, il y a quand même la boîte de sardine au bout de la chaîne. Mais imaginons un système dans lequel vous répétez des cliques pour télécharger un par un des fichiers pour plusieurs heures par jour... Bon, je souhaite que le designer UX a mis un joli smiley pour récompenser l’effort des cliques. Mais plus sérieusement, des outils d’ETL(Extract Transform Load), des interfaces de programmation (API) existent. Si les systèmes sont ouverts, nous pouvons automatiser certaines tâches. Et également il ne faut pas sous estimer l’intelligence de mes collègues. C’est ainsi que dans tous les bureaux d’études, nous avons toutes sortes de "macro" de productivité sur Excel, AutoCAD et Revit.
Une chose est claire, nous souhaitons fédérer une équipe projet autour d'une plateforme collaborative. Mais, quelle est la meilleure recette pour y parvenir? Les tentatives sont nombreuses depuis des décennies. Avec une ingénierie basée sur les documents, nous sommes tous convaincus de l'importance d'une plateforme de gestion documentaire sur un grand projet: Aconex, Mezzoteam, Lascom... Nous maitrisons la classification de documents ainsi que les flux de travails pour ses approbations. Dans un ère plus digital, nous sommes confronté à un défi sur la qualité de données avec les démarches BIM, au lieu de classifier les plans, nous allons classifier les objets, et valider les objets avec les simulations de tous genre. Cette transformation doit être accompagnée. Elle est à la fois organisationnelle et méthodologique, et doit être basée sur une plateforme collaborative.
Pour retracer l'histoire de ces plateformes, je tente à lister l'historique de tous les outils qui ont une relation directe avec une plateforme collaborative en BIM.
PDM et EDMS
Dans les années 90s quand AutoCAD devient un standard de fait, des solutions PDM (Product Data Management: Projectwise, Vault, Meridian) sont vendues aux grands bureaux d’études afin de gérer la production de plans. Contrairement à la production des documents, la notion de "lien" est plus important dans le monde du CAD. Afin de mieux gérer les relations entre les fichiers CAD, ces PDM fournisse plus ou moins les mêmes fonctionnalité. Au lieu de gérer la structure de fichiers dans un explorateur Windows, les fichiers sont stockés dans une base de donnée afin de pérenniser les liens entre eux. Ces systèmes sont souvent couteux, ils sont donc réservés aux utilisateurs d'une même société. L'ouverture en mode collaborative n'était guère considérée du fait de sa complexité: mise en œuvre de VPN et l'achat de licence pour les partenaires. Pour Bentley Projectwise, le montant global de solution est l'addition du frais d'infrastructure et le coût des licences attribués aux utilisateurs.
Afin de palier les problèmes liés au coût et au déploiement, des plateformes de EDMS (Electronic Document Management System) sont alors utilisées dans le cadre de l'entreprise étendue dans la phase de construction. Ces plateformes, par défaut dans les "nuages" ont un modèle économique qui diffère de celui des PDM. Au lieu d'associer le nombre des comptes d'utilisateurs au coût, ces plateformes facturent en fonction du montant global des travaux ou en fonction du volume des données. Cette configuration favorise l'adoption de la plateforme par un plus grand nombre, aide donc à constituer un référentiel des documents techniques avec toutes les parties prenantes.
Cependant, entre la production et la diffusion de plan, il y a une rupture de données entre le PDM et l'EDMS. Les systèmes sont connectés souvent via les opérations manuelles complétées par des outils Excel peu industrialisables. Si le flux de l'information n'est pas maitrisé dans l'entreprise, nous perdons la traçabilité de documents. Nous avons donc systématiquement des questions type: Avec quelles versions de maquettes Revit stockées dans le lecteur réseau nous avons produit le plan indice B dans la GED? c'est avant ou après l'évolution de programme numéro 3? Effectivement, il y a des méthodes pour répondre à ces questions même s'il n'y a pas d'intégration entre les deux systèmes. Par exemple, nous avons mis sur les cartouches des plans, les indices de tous les maquettes en liens. Mais cette opération a également un coût et présente aussi des risques des éventuelles erreurs de saisie.
Plateforme BIM
Concernant les plateformes BIM, je commence à regarder "Buzzsaw" qui est vraiment le pionnier dans ce périmètre. Vendu comme un logiciel de gestion des données fourni en service cloud privé depuis 2000, cette solution est arrêté par Autodesk au profit de BIM 360. Si nous allons sur le site d'Autodesk, un message s'affiche concernant Buzzsaw:
A partir du 31 janvier 2019, Autodesk ne proposera plus Buzzsaw ni Buzzsaw Professional. Après cette date, les clients ne pourront plus renouveler Buzzsaw, ni y accéder, ni l'utiliser. Toutes les données client existantes seront stockées sur les serveurs Autodesk pour une durée maximum de quatre-vingt-dix jours après la date d'expiration de l'abonnement, la date de fin du contrat, ou la migration des données, selon la première de ces éventualités.
Cet arrêt illustre bien la volonté d'Autodesk concernant le déploiement de Cloud public pour le secteur de construction. Le portfolio de BIM 360 s'étend sur tout le cycle de vie de la construction. Le produit a comme objectif de faciliter la collaboration sur les fichiers Revit et Civil 3D avec le cloud géré par Autodesk (Paas). Le partage des informations se fait ensuite via le même produit pour la gestion documentaire, la coordination, la planification et l'opération de maintenance.
Sur le papier, tout semble bien ficelé pour nos besoins. Dans la pratique, le gain de cette continuité numérique n'est pas souvent à l'hauteur des attentes. En effet, tout comme ses confrères BIMx et BIM+, la plateforme garantie une belle continuité numérique avec les produits de modélisation BIM de la même famille. Si nous adoptons la stratégie d' OpenBIM, cette plateforme fournit seulement un "viewer" en ligne, donc ne diffère pas tellement d'un système EDMS traditionnel.
Par ailleurs, cette évolution technologique n'améliore en aucun cas la capacité de gestion de données dans Revit et Civil 3D. Nous continuons à travailler dans les fichiers BIM pour y ajouter et modifier des informations sauf s'il y a un développement spécifique avec API Forge et Revit.
En résumé, la plupart des plateformes BIM sont au stade 2 de la maturité de la gestion d'information selon la norme ISO: 19650-1. Elles sont conçu pour y héberger les fichiers/modèles/ conteneurs. Nous pouvons l'utiliser pour structurer les fichiers et aussi y consolider les modèles BIM en modèle fédéré.
Plateforme PLM
Par curiosité, je me suis intéressé au PLM (Product Lifecycle Management). Tout comme le BIM, le PLM n'est pas un logiciel. C'est un ensemble de processus et d'outils visant à créer et maintenir les produits industriels tout au long de leur cycle de vie.
Il y a quelques éditeurs qui développent des plateformes PLM
- Dassault système: 3DExperience
- PTC: Windchill
- Siemens: Teamcenter
- Autodesk: Fusion
- Aras: Aras Innovator
Si nous analysons de plus près ces produits, nous pouvons constater une standardisation des modules qui les composent:
- Gestion des documents
- Gestion des modifications
- Gestion des exigences
- Gestion des problèmes
- Gestion des nomenclatures
- Gestion de la configuration
Nous pouvons y voir une similitude avec les plateformes BIM.
Common Data Environnement
Selon